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l'ecole des loisirs

Jusqu'ici tout va bien

Publié le par Za

C'est à se demander si on n'écrit pas sur les livres simplement pour meubler cet espace de vacance entre deux lectures, ce moment où l'on termine un livre et où l'on n'ose pas encore ouvrir le suivant parce que ce serait comme manquer de respect au premier en s'en détournant trop vite. Ça n'arrive pas toujours. Mais parfois c'est criant, presque gênant.
Et ça m'est arrivé pas plus tard que l'autre jour, au milieu du jardin. Je venais de terminer Jusqu'ici tout va bien.

Jusqu'ici tout va bien

État de New-York, 1969. Doug Switeck est le benjamin d'une fratrie de trois - dont l'un combat au Vietnam. Les temps sont durs, le père, violent et borné, change de travail et c'est le déménagement. Nouvelle ville, nouveau collège, nouvelles épreuves dans une ambiance familiale à couper au couteau.
Jusqu'ici tout va bien ne déroge pas aux règles du roman de formation. Doug doit s'émanciper de sa famille pour grandir et c'est la bibliothèque qui va lui servir de premier tremplin. Non pas qu'il aime les livres, loin de là. Mais cette bibliothèque, ouverte un seul jour par semaine, renferme un trésor inattendu et très éloigné des préoccupations et des goûts de l'adolescent : un précieux exemplaire des Oiseaux d'Amérique d'Audubon. J'ai croisé un de ces livres lors d'une exposition il y a quelques années et, croyez-moi, c'est spectaculaire (98cm x 76 cm) . Aububon (1785-1851) a reproduit les oiseaux grandeur nature, quitte à les tordre un brin pour qu'ils rentrent dans la page. D'où le célèbre flamant rose - qui ne figure pas dans le roman ceci dit.

Jusqu'ici tout va bien

Ce livre conduit Doug à découvrir son don pour le dessin, presque à son corps défendant. Et c'est toujours à reculons qu'il entre en littérature, grâce à l'obstination de son professeur de lettres et à une drôle de vieille dame, peut-être écrivaine mais pas sûr. Et puis le théâtre est là aussi, en embuscade. Jusqu'ici tout va bien se prête, comme tout grand roman, à de multiples angles de lecture. J'avoue avoir été touchée par l'irruption de l'art dans cette petite ville et la manière dont Doug, d'abord réticent - comme nombre d'adolescents, se laisse envahir, acceptant cet apport inattendu avec simplicité, sans craindre le jugement des autres, sans craindre de s'éloigner de sa famille.
Partant de si loin, du fond de la violence paternelle dont on aperçoit en cours de récit jusqu'où elle peut aller, porté par l'amour de sa mère, qu'il porte lui aussi à bout de bras, Doug grandit, se construit, résiste, garde sa dignité en toutes circonstances. C'est un héros inspirant, infiniment touchant.
Jusqu'ici tout va bien est aussi le roman d'une époque où les jeunes gens envoyés combattre au Vietnam rentrent mutilés, broyés moralement dans un pays qui ne veut pas les voir. C'est aussi le roman d'une époque où l'humain va marcher sur la Lune, renvoyant bien loin les frontières du possible.
Le texte de Gary D. Schmidt transcende les catégories littéraires. Publié par l’École des Loisirs dans la collection Médium+, il peut/doit être lu par tous. Écrit à la première personne et marqué par des interpellations régulières du héros au lecteur,  c'est un grand roman d'apprentissage, traversé de personnages modestes et inoubliables, chacun marquant de son empreinte le parcours du héros et le souvenir de celui/celle qui lit.

Jusqu'ici tout va bien
"OK For Now", 2011
Gary D. Schmidt
traduit de l'anglais (États-Unis) par Caroline Guilleminot
L'école des loisirs, coll. Médium+
octobre 2017

Sur ce roman, vous pouvez également lire
les articles de Sophie Van der Linden et de Pépita .

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Passe à Beau !

Publié le par Za

Pour Vincent et David,
J'ai découvert à la fin de l'année que le gymnase où s'active Fiston 1er deux fois par semaine s'appelle "Gymnase Roger Couderc". J'y ai vu un signe et j'en aurais presque versé une larmichette. Alors, et si, pour changer, on parlait rugby ?

Passe à Beau !

Quelle belle composition que l'image de cette couverture ! L'oeil du dessinateur qui accompagne le beau mouvement du rugby, la chorégraphie parfaite de la passe en arrière.

Vois-tu, Antonin, le rugby est comme la vie, à la fois simple et compliqué, sommaire et subtil, immuable et changeant, logique et absurde... Pratiqué par des adultes redoutables obéissant comme des enfants à un petit homme à sifflet qui les punit parfois et les envoie au piquet, il est aussi, le rugby, un conte merveilleux plein d'exploits chevaleresques, de héros légendaires partis chercher sur un chemin semé d'embûches un fabuleux trésor ovale.

Allez savoir pourquoi le rugby pousse au lyrisme, à l'épopée. Il aurait ceci de commun avec le cyclisme, peut-être. Et encore.
Si les règles du rugby vous semblent nébuleuses, jetez-vous sur ce roman, quel que soit votre âge. Vous y trouverez un esprit, des valeurs, une ambiance, la découverte d'une culture à travers les yeux de néophytes prêts à se frotter à la rudesse d'un sport épique - ça se voit que je ne suis pas objective ?
Antonin Beau débarque à Montmartigues, ville de rugby. Dans ces cas-là, et quand de surcroit on est Parisien, il n'y a pas trente-six manières de s'intégrer. Surtout lorsqu'on se révèle avoir un talent inattendu pour le cadrage débordement (cadrage débord pour les intimes) ou l'art de mettre un vent à son adversaire.

Mais ce roman, c'est aussi l'histoire d'une communauté humaine forgée sur le rugby depuis des générations, d'une vieille histoire qui ressurgit au gré de la curiosité des jeunes héros. Il faut saluer le texte de Rémi Chaurand, savoureux, plein d'humour et présentant le noble avantage de voir surgir, page 109, c'est peut-être un détail, mais non, pas pour moi, un de mes mots préférés, certes présenté entre guillemets, ce qui le rend encore plus pécieux, mais je vous laisse juge...

Jean-Charles, qui a deux "bougnettes" de graisse de canard sur sa chemise blanche et une sur sa cravate rose, estime que l'arbitre a sifflé des pénalités injustes contre les nôtres.

Bougnettes... Mais quelle poésie dans ce simple mot.
Le grand avantage de ce roman, aussi, c'est la présence de monsieur Yvan Pommaux à l'illustration. Enfin, à la co-écriture serait plus juste. On navigue sans cesse du roman illustré à la BD, les moments de jeu étant les mieux traités à mon avis. Ce qui aurait pu être un essai (!) de plus sur le rugby devient une histoire haletante dont on sort un peu plus gagné par l'Ovalie. 

Passe à Beau !
Passe à Beau !

Que vous aimiez le rugby, ou que vous ayez envie d'y comprendre quelque chose, jetez-vous sur Passe à Beau ! Achetez-le pour vos petits !

Passe à Beau !
Yvan Pommaux & Rémi Chaurand
L'école des loisirs, 2016

Et pour finir ce billet, un petit bijou de reportage signé Roger Couderc sur la famille Spanghero. Nous sommes en 1966 dans une campagne en noir et blanc... 

le 10/07/2016 - Lecteur chéri, avant de quitter cette page, tu ne manqueras pas d'aller lire les gouleyants commentaires des deux dédicataires de cette chronique - lyriques en diable pour l'occasion.

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mon école des loisirs #3

Publié le par Za

Elle aurait pu faire l'effort de m'appeler Violette. Mais non, il a fallu qu'elle choisisse Verte. Quelquefois j'ai eu l'envie de l'attaquer en justice. Mais quelquefois je l'aime et j'ai envie de lui offrir des vacances de rêve à Honolulu. Rien n'est plus fatigant qu'une mère. Etant entendu que je ne sais pas ce que c'est qu'un père.

mon école des loisirs #3

La première fois que j'ai rencontré Verte, il y a presque longtemps aujourd'hui, elle ne ressemblait pas à la jeune fille dessinée par Soledad Bravi. La première édition de ce roman avait pour couverture un dessin de Gaudelette, tiré de Radada la méchante sorcière. Autant vous dire que l'ambiance proposée était sensiblement différente...

mon école des loisirs #3

Ce premier roman, paru en 1996, racontait l'histoire de Verte, dernier rejeton d'une lignée de sorcières pas communes, pas commodes non plus. Des sorcières tout ce qu'il y a de moderne, vivant dans une ville banale, immeuble, appartement, tribu matriarcale, mais rien de trop voyant non plus. On est sorcière mais pas trop. L'histoire se raconte à plusieurs voix, chacun présentant son point de vue, ses doutes, ses agacements. Ursule la mère, Verte la fille, Anastabotte la grand-mère et un personnage masculin aussi, Soufi, l'ami/amoureux - à cet âge-là, on ne sait jamais vraiment.
Comment se construire une identité vivable, lorsqu'on trimblle une généalogie aussi peu banale, comment intégrer un père dans cette famille où la cocotte-minute ne sert pas qu'à préparer la soupe, vaste programme... Et défi relevé haut la main par une Marie Desplechin très en verve.

Pome débarque en 2007. Encore une sorcière... Ce deuxième roman gagne quelques personnages masculins. Soufi est rejoint par Gérard, le père, apparu dans Verte et par Ray, inénarrable grand-père, ancien commissaire de police, qui trouve bien des charmes à Anastabotte... La famille s'élargit avec bonheur.

Et puis Mauve en 2014. Un troisième roman bien différent. Plus profond, un peu venimeux - avec le personnage de Mauve-, tenté par l'aventure, par un surnaturel plus spectaculaire mais aussi bien ancré dans le monde - harcèlement, exclusion. On veut y brûler des sorcières. La différence fait désordre, chassons-la, rallumons les bûchers.

Le vieil appel s'est levé, il a enflé, il est monté vers le ciel. "Sorcières... Sorcières..." Des briquets se sont allumés dans la nuit. La bousculade autour de nous s'est aggravée.

Ces trois textes forment une trilogie cohérente et attachante, à lire d'une traite !

Verte, Pome, Mauve
Marie Desplechin
L'école des Loisirs
1996, 2004, 2014

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mon école des loisirs #2

Publié le par Za

Mon école des loisirs, ce sont aussi des romans, et parmi eux, une signature. Parce que s'il n'y en avait qu'une, ce serait Marie-Aude Murail. De ses personnages, Emilien est le premier à être venu vers moi, avec l'inénarrable Martine-Marie.

mon école des loisirs #2

Puis Simple, Miss Charity et Malo de Lange...

mon école des loisirs #2
mon école des loisirs #2

Et un jour, j'ouvre Oh, boy ! C'était avant. Ce roman date de 2000. Tout rond. Une époque pourtant si proche où on pouvait rencontrer un texte comme ça, sans craindre la moindre crispation. Un texte d'avant les pisse-vinaigre. Oh, boy ! est l'opposé absolu du roman à thème - que je déteste. Et pourtant Murail y aborde la question de la famille - ou ce qu'il en reste. Mais elle le fait tranquillement, sans chercher à imposer une quelconque idéologie. Et l'homosexualité d'un des héros n'est pas une question en soi, elle est un élément comme un autre du l'intrigue, ni plus ni moins. Tout cela nous donne un superbe roman d'amour et d'humour - magnifiquement adapté au théâtre par Catherine Verlaguet et mis en scène par Olivier Letellier.

mon école des loisirs #2

Les livres de Marie-Aude Murail m'ont appris que la littérature de jeunesse est avant tout de la littérature, et une littérature qui transcende les âges. Ils m'ont appris qu'un roman, c'est une histoire qu'on peut raconter sans se regarder écrire, sans prendre de pose. Le style de Marie-Aude Murail est tout ce que j'aime et tout ce que je respecte en littérature. Sans alourdir la phrase pour faire genre, en allant droit au but, droit au sens, l'écriture avance, sans se vautrer dans l'adverbe et l'adjectif. Cette efficacité, modeste et simple, laisse toute sa place aux personnages. Et quels personnages !

Alors donc, voilà. Ce deuxième épisode de mon école des loisirs était en réalité une déclaration d'admiration béate. Le prochain sera consacré à une chouette trilogie... Et pour la bibliographie de Marie-Aude Murail, les romans que je vous conseille ici et les autres, allez donc chez Ricochet !

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mon école des loisirs #1

Publié le par Za

L'école des loisirs a 50 ans.
Mon école des loisirs est un amour de grande personne. J'ai beau chercher, fouiller les malles et ma mémoire, pas d'album estampillé de la maison sise 11 rue de Sèvres Paris 6ème dans mes livres d'enfant. J'ai découvert l’école des loisirs à l'école, comme il se doit, à l'IUFM, pour être précise, l’école des professeur-e-s d'école. Là-bas, on y parlait de cette maison d'édition et pratiquement que d'elle, avouons-le. Mais qu'importait alors puisque je n'y connaisssais pas grand chose, qu'il était question de Philippe Corentin, Claude Ponti ou Tomi Ungerer et que s'ouvrait devant moi une autoroute sans fin que je parcours encore : l'alboume.

Philippe Corentin - Montreuil 2014

Philippe Corentin - Montreuil 2014

Avec le temps, on devient exigeant et comme toutes les amours, celle-ci se teinte parfois d'agacement lorsqu'on pense que l'autre n'est parfois pas à la hauteur de l'amour qu'on lui porte. On se fâche, on boude, on revient, on se retrouve. Mais on s'aime, toujours et encore. Et puis il se trouve que le plus grand alboume de tous les temps est édité en France par l'école des loisirs. Reconnaissance éternelle.

mon école des loisirs #1

Maurice Sendak
Where the wild things are

Max et les maximonstres

1963, Where The Wild Things Are paraît aux Etats-Unis - à noter que les Italiens ont le nez creux et le traduisent la même année.
1967, Max et les maximonstres débarque en France, publié par Robert Delpire.
1973, l'école des Loisirs en rachète les droits et le réédite.

Max et les maximonstres pourrait être l'alpha et l'omega de l'alboume, le sésame qui ouvrirait une vie entière de lecteur, le livre après lequel plus jamais on n'aurait de faiblesse pour la moindre mièvrerie, la moindre cucuterie éditoriale.
Tout y est : la liberté du propos, le génie du dessin, l'invention sans limite, le respect du lecteur - qu'il soit enfant ou adulte, l'articulation texte/image si simple et si complexe, le travail d'équilibriste que réprésente la narration de ce voyage fantastique.

mon école des loisirs #1

Max et les Maximonstres est devenu au fil des années un classique incontesté. Mais, célébrer l'école des loisirs, c'est aussi remettre le projecteur sur des albums moins connus. Il en est un à qui j'ai déjà consacré une chronique mais j'y reviens parce qu'il a une filiation évidente avec Max, celle du voyage imaginaire, du lit qui devient un navire.

mon école des loisirs #1

Comme Max, l'Endroit rêvé prend le pari de l'intelligence de son lecteur, ne lui assène pas une histoire de manière péremptoire mais lui laisse le loisir de flâner, d'interprêter. Cet album de 2008 n'est pas épuisé, on peut encore l'acheter, le lire, le faire lire, l'interroger, le faire vivre.

mon école des loisirs #1

Max et les maximonstres
Maurice Sendak
L'école des loisirs, 1963-1973-2015

L'endroit rêvé
Alex Cousseau & Philippe-Henri Turin
L'école des loisirs, 2008

Cette rentrée verra la réédition de 3 autres albums de Maurice Sendak. Cela ne se voit peut-être pas à l'écran mais j'en trépigne d'impatience.

mon école des loisirs #1

Et puis comme un billet ne peut suffire, bientôt le deuxième épisode de mon école des loisirs ! Il sera consacré à des romans et contiendra une déclaration d'amour. Si, si.

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Le pirate et le roi

Publié le par Za

Le pirate et le roi

Jehan 1er, roi replet, fait naufrage. Il échoue sur une île déserte pas déserte, puisque Matt le pirate tout maigre y vit déjà. L'énervement inaugural et réciproque cède la place à un échange fructeux. Tellement fructueux que les deux personnages se rapprochent au point de se confondre...

Le pirate et le roi

Jean Leroy et Matthieu Maudet transforment cette situation robinsonnesque classique en une confrontation jubilatoire. Depuis la Fontaine, on sait que le lion est noble, mais ces deux-là sont aussi naïfs, roublards, enragés, sacrément tenaces. On s'interroge tout au long du livre sur la nature de chacun, jamais figée, roi, pirate, faux semblants.

Le pirate et le roi

L'humour qui parcourt l'album donne lieu à une lecture haute en couleur, portée par des dialogues ravageurs. La lutte des classes prend une tournure inattendue et c'est à savoir qui dominera l'autre. A mi-chemin entre l'album classique et la BD, Le pirate et le roi est une histoire alerte, juste grinçante comme j'aime.

Le pirate et le roi
Jean Leroy & Matthieu Maudet
L'école des loisirs
avril 2015

logo challenge albums 2015
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le château des étoiles

Publié le par Za

le château des étoiles

C'est tout d'abord l'objet qui attire. Un journal de vingt-quatre pages, un papier épais qui craque lorsqu'on tourne les pages, un format plus que généreux - 30 x 42, ce qui nous fait, arrêtez-moi si je me trompe, 60 x 42 lorsqu'il est ouvert, derrière lequel on peut se planquer à l'aise.

le château des étoiles

La bande-dessinée proprement dites est présentée dans cet écrin journalistique digne de l'Illustration ou du Petit Journal, tous deux publiés au tournant de la fin du 19ème siècle, jusqu'après la Première Guerre mondiale. Et c'est cet esprit que l'on retrouve dans les premières et dernières pages du Château des étoiles, mêlant documents historiques contemporains de l'intrigue (1868), informations plus fantaisistes sans oublier le cliffhanger palpitant vous donnant envie de vous ruer sur l'épisode suivant.

L'histoire s'ouvre sur deux doubles pages magistrales qui plantent le décor dans le ciel, où la mère du jeune Séraphin disparait à bord d'un ballon, à la recherche de l'éther - source d'énergie, chimère électro-magnétique. Cette exploratrice d'un nouveau monde laisse en héritage à son fils une curiosité à toute épreuve, un goût pour l'aventure qui les poussera, lui et son père à poursuivre ses recherches, parfois au péril de leur vie.

le château des étoiles
le château des étoiles

Le Château des étoiles est un cocktail épatant : une dose de Jules Verne, une dose d'Histoire (Louis II de Bavière et sa cousine Elisabeth d'Autriche font partie du voyage), une dose de sciences, le tout saupoudré d'un suspens rigoureux, de scènes dignes du Tour du monde en 80 jours, de personnages haut en couleurs...  La lecture est haletante, portée de bout en bout par le dessin léger et vivant d'Alex Alice, par son magnifique travail d'aquarelle.

le château des étoiles

Publiée en mai, juin et juillet derniers, cette histoire forme en réalité le début d'un diptyque. Les trois journaux ressortiront ce 24 septembre en un seul album cartonné. Les amateurs de grands formats - dont je suis - attendront la suite des aventures de Séraphin qui paraîtra au printemps prochain, sous la forme de trois nouvelles gazettes : Les naufragés du ciel  (mai 2015), Les secrets de la face cachée  (juin 2015) et Le roi-lune  (juillet 2015). Patience...

le château des étoiles

Le Château des étoiles

Alex Alice

Rue de Sèvres, 2014

Plus d'images et une interview passionnante d'Alex Alice sur BD'Gest.

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ogre vole

Publié le par Za

L'ogre, c'est comme le loup. Incontournable. Quasi obligatoire. Encore que. Il doit y avoir moins d'ogres que de loups en ce monde de livres. La figure du loup, bien que menaçante, n'est pas dérangeante comme l'ogre. Le loup est aujourd'hui lointain, l'ogre l'est moins. Et même si le croque-mitaine est passé de mode, le personnage fait toujours frémir.

Des ogres, on en a croisé quelques-uns dans le Cabas, certains dans l'indispensable encyclopédie de Sylvie Chausse - illustrée par les non moins indispensables Durual et Turin, d'autres - et non des moindres - dans le conte délicat d'Albert Lemant...

 

ogre vole

Tout commence par un matin de neige et un ogre possiblement sympathique, bien que mal vu dans la région. Un matin de neige donc, de ceux qui vous donnent l'envie de crapahuter en forêt (enfin vous peut-être, moi toujours pas).

ogre vole

La nature vous fait parfois de drôles de cadeaux. En l'occurence, une belle paire d'ailes, prêtes à l'emploi, enthousiasmantes de nouveauté. Ogre vole !

ogre vole

Le texte de Rascal est d'une élégante sobriété, renvoyant cet ogre à celui des contes par une langue classique, sans effets.

Ogre battait à présent des deux ailes et volait comme un oiseau au-dessus de la campagne. Il pouvait aperceoir sa maison qui avait désormais la taille d'un briquet à pierre, le moulin du père Roland à peine plus haut qu'un pain de sucre, et la rivière gelée qui scintillait entre les vallons comme une couleuvre blanche. Ogre volait de plus en plus haut, et finit par traverser les larges nuages gonflés de neige.

Et qu'y trouve-t-il, dans cet au-delà des nuages d'hiver ? Une punition pour la noirceur de sa vie, la possibilité de changer d'existence, de se repentir, une vengeance ourdie depuis des années par ses victimes, un juste châtiment ? Eh bien, à vrai dire, chacun pourra y voir un peu de tout ça.

ogre vole

Le dessin d'Edith campe un ogre plutôt rigolard, qui, là aussi, laissera à chacun le loisir d'imaginer son ogre. Cette histoire d'ange étrange voletant au-dessus de l'hiver nous offre de grands aplats à peine mouchetés sur lesquels se détachent les bottes rouges, bottes de sept lieux bien inutiles à ces altitudes. Les visages d'enfants souriants seraient, eux, presque inquiétants de tant de similitude, avec leurs grands yeux noirs et leurs sourires à l'unisson.

Ogre vole est un conte merveilleux et subtil où j'aimerais finalement que les apparences soient trompeuses...

 

Ogre vole

Rascal & Edith

Pastel / L'école des loisirs

mars 2014

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calpurnia

Publié le par Za

Venez que je vous présente ma nouvelle amie !

calpurnia

Elle a onze ans, presque douze, un esprit en alerte, une curiosité insatiable. D'ailleurs, tout est dit sur la magnifique couverture. Elle a tout de la petite fille modèle : la natte sage, le tablier, la robe à volants, le dos droit, l'air sérieux. Mais regardez mieux... Calpurnia - quel prénom ! - tient un filet à papillons et autour d'elle volètent des insectes. Des oiseaux, des écureuils, un tatou, un microscope, des bocaux d'observation l'entourent.

Bon-papa m'avait dit que les guêpes peuvent choisir d'être mâle ou femelle quand elles sont à l'état de larve. une idée intéressante : je me demandais pourquoi les enfants humains n'avaient pas ce choix pendant qu'ils étaient encore en cours de formation, disons jusqu'à cinq ans. Après tout ce que j'avais vu sur la vie des garçons et sur celle des filles, j'aurais choisi sans hésiter d'être une larve masculine.

Le roman suit Calpurnia tout au long de cet été texan étouffant qui épuise les corps mais laisse vagabonder les esprits. Puis viens l'automne, passe le temps, le siècle s'achève, et se rapproche le moment où les obligations de toute jeune fille de bonne famille prennent le pas sur la liberté, l'envie de découvrir.

Au-delà de l'aventure scientifique vécue avec ce grand-père étrange et lointain, c'est l'avenir d'une femme qui se joue, tiraillée entre ce qu'elle doit faire et ce qu'elle veut faire. Et ce qu'elle veut faire est si loin de l'éducation qu'elle reçoit. Au point de se demander si les filles peuvent devenir des savants, elles aussi... Cette simple question plonge le grand-père dans un abîme de perplexité. Car la réponse, évidente pour lui, risque fort de poser des difficultés à cette enfant, si singulière qu'elle se croit seule de son espèce.

- Je vois, dit-il. Est-ce que tu te rappelles le jour où nous nous sommes assis au bord de la rivière, il y a quelques mois pour parler de Copernic et de Newton ?

- Je m'en souviens, comment pourrais-je l'oublier ?

- N'avions-nous pas parlé de l'élément de Mme Curie ? De la chouette de Mrs Maxwell ? Du ptérodactyle de Miss Anning ? De son ichtyosaure ?

- Non.

- Des équations de madame Kovalevsky ? des voyades de Miss Bird aux îles Sandwich ?

- Non.

- Tant d'ignorance... marmonna-t-il.

Les larmes me montèrent aussitôt aux yeux. Etais-je donc si ignorante ?

- Pardonne mon ignorance, s'il te plait, Calpurnia. Tu m'avais siffisamment mis au courant de l'état rudimentaire de l'éducation publique que tu as reçue, et j'aurais dû savoir que tu n'avais aucune connaissance de certaines questions scientifiques. Laisse-moi te parler de ces femmes.

Pas un temps mort dans ce texte, rien qui donnerait envie de remettre à demain une nouvelle rencontre avec une héroïne terriblement attachante.

Vous partez bientôt en vacances ? Glissez  Calpurnia dans votre valise !

 

Calpurnia

Jacqueline Kelly

traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Diane Ménard

illustration de couverture : Beth White

mars 2013

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Zita, la fille de l'espace

Publié le par Za

Zita, la fille de l'espace

Que diriez-vous aujourd'hui d'une interview de fan ? Oui, Zita a ses fans. J'en ai rencontré un, par hasard. Il sortait de la salle de bain, le cheveu humide et hérissé et lorsque je lui ai proposé de nous parler de Zita, il m'a répondu très spontanément : "Ok m'man !" Il a cependant souhaiter garder l'anonymat. Nous l'appelleront simplement P.

Zita, la fille de l'espace

le Cabas de Za - Qu'est-ce qui t'a donné envie de lire cette BD ?

P - La couverture, avec Zita et les animaux bizarres autour d'elle.

lCdZ - L'épaisseur du livre - près de 200 pages - ne t'a pas rebuté ?

P - Au début un peu mais il n'y a pas trop à lire sur chaque page, et comme j'aimais l'histoire, j'ai continué.

lCdZ - Peux-tu nous raconter l'histoire ?

P. - Une petite fille, Zita, trouve une télécommande avec un bouton rouge. Elle appuie sur le bouton et un portail s'ouvre. Son ami Joseph est emporté dans un mode bizarre, sur une autre planète. Zita le suit. Elle va devenir une héroïne.

lCdZ - Zita mise à part, quel personnage as-tu préféré ?

P. - Mulot le rat. Il a un collier avec des fiches qui sortent quand il s'exprime. Dans le deuxième livre, la magicienne. Elle est drôle, mystérieuse.

lCdZ -Que penses-tu du style du dessin ?

P. - Les dessins m'ont tout de suite plus. Les décors sont un peu vides. Il n'y a pas trop de détails, c'est simple et facile à lire.

lCdZ - Habituellement, aimes-tu la science-fiction ?

P. - Oui, mais on peut aimer Zita quand même si on aime pas trop la science-fiction. Il y a beaucoup de robots dans cette BD. Dans le deuxième livre, il y en a un qui prend l'apparence et la place de Zita. Mais ils vont finir par coopérer. Dans le premier livre, les robots sont plutôt méchants, moins dans le deuxième.

Zita, la fille de l'espace

lCdZ - Comment trouves-tu le tome 2, par rapport au premier ?

P. Il est plus triste parce qu'elle a perdu la confiance de ses amis, sauf Mulot. L'histoire est plus intéressante, il y a davantage de personnages. J'ai beaucoup aimé le petit vaisseau qui est en réalité une créature vivante.

lCdZ - Penses-tu que Zita retournera chez elle ?

P. -  Non, parce qu'elle ne voudra pas quitter ses amis.

lCdZ - Le fait que l'héroïne soit une petite fille change-t-il quelque chose à l'histoire ?

P. - Rien du tout. Un garçon peut tout à fait imaginer être à sa place.

lCdZ - C'est quoi, pour toi, une héroïne ?

P. - C'est une fille rusée, courageuse, comme Zia (Les Cités d'or) ou Fifi Brindacier !

Tout ça pour vous dire que l'on attends le tome 3 avec impatience !

Zita la fille de l'espace

Ben Hatke

Rue de Sèvres

2013/2014

Zita, la fille de l'espace

Cet autoportrait de Ben Hatke est extrait de son blog.

Zita, la fille de l'espace

Retrouvez Zita au bord de la Mare aux mots et chez Leiloona, tome 1 & tome 2 !

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